Le jardin est calme

Publié le 13/06/2012 à 15:13 par kristieweek Tags : vie roman bleu oiseaux chat jardin

Le jardin est calme. Les oiseaux qui chantaient tout à l’heure se sont tus. Plus d’abeilles qui virevoltent. L’air est lourd, plein de moiteur. Le ciel jusqu’ici bleu terne s’assombrit. Une guêpe se réfugie par la fenêtre ouverte. Instinct que l’on voudrait posséder.

Sentir l’humidité envahir l’atmosphère environnante.

Le soleil a peur de mourir, lavé par l’eau qui tombe doucement. Il se cache, un dernier rayon humide jaillit de la grisaille.

Il pleut.

Quelques gouttes d’abord, fugitives qui s’évaporent au contact du sol brûlant. Le rythme s’accélère. Un chat effrayé traverse le potager, sa fourrure blanche salie de terre et de feuilles. Après avoir grimpé le long de la palissade, il disparait dans les sapins proches, répandant au contact de l’eau une odeur de forêt encore toute fumante de chaleur.

La chienne risque le museau dehors. Une goutte malicieuse vient s’écraser sur la truffe sèche. Un éternuement suit cette action courageuse. Frissonnante, la chienne reprend le chemin de son panier encore tout chaud de son sommeil.

La pluie tombe maintenant vraiment fort. Le tonnerre ponctue de ses éclairs le combat. La terre est humide, les forsythias pleins de larmes laissent échapper quelques feuilles vaincues par la bataille.

Le jardin entier se rend à cet envahisseur bénéfique. Le nuage enfin épuisé, vidé, arrête son assaut. Le feuillage des framboisiers courbés sous le joug se relève et s’étire vers le ciel, le remerciant de sa douloureuse offrande. Le soleil reprend sa place de maitre régnant, fier d’avoir survécu encore une fois.

La boue sèche sous l’astre rafraichi, répand son odeur de feuilles mêlées, de fruits trop mûrs, d’escargots sortis de leur refuge pour goûter à cette eau offerte généreusement. Ces gastéropodes se sont cachés à nouveau. Ils sont les seuls à regretter cette fraicheur si peu accordée en été. L’automne n’est pas loin mais le temps est long, plus long que leur vie d’hermaphrodite. Certains ne verront pas septembre, attachés à une branche qui au premier souffle froid se dénudera, laissant une coquille.

Vide.